Parfumerie, chimie et monde musulman

L’héritage musulman en termes de sciences et de cultures, a laissé des traces à travers le monde, et ce, bien plus que nous le pensons. La parfumerie est un art qui a évolué, s‘est amélioré, enrichi, en même temps que le monde musulman a éclos. Dar Al Musc vous dresse un tableau de cette empreinte orientale dont on a longtemps occulté l’écho.

L’âge d’or du progrès technologique en Orientinvention muslim

Le monde moderne que nous connaissons a vu ses fondations poser par les grandes civilisations du passé. Il est connu de tous que les Égyptiens, les Grecs, les Romains, ont été de brillants ingénieurs et de remarquables inventeurs. Or, ce que l’on peut déplorer, c’est que  la plupart des livres d’histoire, sinon tous, taisent cette ère durant laquelle de grands hommes ont bousculé, révolutionné, bouleversé le domaine de la connaissance technique et scientifique. L’âge d’or du progrès technologique en Orient : c’est ainsi que l’on nomme cette période ; un nom aussi mérité que  méritant.

L’Orient, ce mystère impénétrable

Il y a comme un halo de mystère qui se dessine autour de l’Orient. Et pourtant, les technologies et les sciences qui animent nos sociétés actuelles, sont le fruit d’un héritage oriental que l’on ne peut continuer à nier. En effet, il y a plusieurs siècles déjà, alors que l’Empire romain connaît son déclin, l’Orient lui, s’émancipe. Cette grande civilisation qui régnait sur le Proche et le Moyen-Orient, profite du chaos occidental, pour dépoussiérer et développer les savoirs apportés par les grandes civilisations de l’Antiquité et délaissés par les Occidentaux. Un grand tournant pour la civilisation orientale, dont les occidentaux ignorent l’histoire. Sciemment ou inconsciemment…

Les arabes et la chimie

Mathématiques, inventions, architecture, maroquinerie, commerce, artisanat, philosophie, géographie, histoire ou encore chimie, la civilisation arabo-musulmane a brillé dans bien des domaines.  On ne saurait énumérer tout ce que les inventeurs arabes ont apporté comme science, comme génie. Mais s’il y a bien un grand esprit que l’on ne saurait passer sous silence, c’est bien le chimiste Jabir Ibn Hayyan.

Le chimiste Jabir Ibn Hayyanjabir ibn hayyan

Jabir Ibn Hayyan, connu également sous le nom latin Geber, fait incontestablement partie des plus grands savants musulmans. Chimie, astronomie, philosophie, médecine, Jabir Abou Abdilah avait plus d’une corde à son arc tant il maîtrisait les domaines scientifiques. Né autour de 721, dans la province du Khorrassan,  Tus, plus précisément, Jâbir est fils d’un apothicaire lequel a été exécuté pour avoir conspiré contre le califat des Omeyyades. Il partit très jeune étudier le Coran et les mathématiques en Arabie.

Du mysticisme à l’expérimentation

On reconnaît à Jâbir ses penchants pour le mysticisme ou encore la superstition, mais il ne cessa de clamer que l’expérimentation était le plus important. Il dit d’ailleurs à ce sujet :

 « La première chose essentielle en alchimie, c’est que vous devez effectuer des travaux appliqués et des expériences, car celui qui n’effectue pas de travail appliqué et d’expérience n’atteindra jamais les plus hauts degrés de la connaissance. » 

Ses travaux apportèrent un réel élan, un nouveau souffle, des progrès conséquents à la chimie, aussi bien en termes de théories que d’expériences. D’ailleurs les chimistes reconnaissent sans hésiter que Jabir est celui qui a introduit la notion de recherche expérimentale en chimie. On lui doit entre autres, la découverte de l’acide nitrique, les alcalis (terme qui vient de l’arabe “al qali” et qui signifie “plante à soude”). Le lexique de la chimie moderne s’est enrichi des découvertes de Jâbir. La potasse, l’acide sulfurique, le sel ammoniacal, l’eau régale, les connaissances de leurs propriétés par les Européens, ne sont que le fruit des efforts de recherche de Jâbir Ibn Hayyan.

Jabir  Ibn Hayyan nous met au parfum

La fabrication du parfum que l’on connaît aujourd’hui, les différents procédés employés en parfumerie, ont été plus qu’inspirés des travaux de Jabir Ibn Hayyan. Ils viennent de ses recherches et ses expérimentations. L’évaporation, la distillation, la sublimation, la calcination, tant de techniques scientifiques que ce chimiste a développé, perfectionné, au point où aujourd’hui nul ne peut s’en passer. 

Jâbir et l’alambicjabir ibn hayyan

L’alambic est bien l’instrument qui a révolutionné la chimie. Cette invention permit a Jabir de développer la préparation des acides et des minéraux dont il fit la découverte. L’alambic est une invention qui en plus de faciliter le processus de distillation, la rend méthodique. L’usage de l’alambic, de son nom arabe “al imbiq” qui signifie le vase, était destiné au départ à la fabrication de parfum, de l’essence ou encore des médicaments. L’alambic servira plus tard à produire de l’eau de vie …

La distillation

Il existe deux procédés bien connus que l’on utilise pour fabriquer le parfum : la distillation et l’extraction. La distillation est un procédé qui nécessite l’usage de l’alambic, et qui consiste à extraire le parfum par vapeur d’eau.  Les matières premières, à savoir les végétaux, sont mis dans une cuve, avec 5 à 10 fois leur volume en eau. La cuve est chauffée et mise sous pression. On obtient alors de la vapeur dont émane une odeur forte, qui passera par le serpentin, refroidira, se condensera, et se transformera enfin en huile essentielle.

 L’extraction extraction au solvant volatil

L’extraction est un procédé qui consiste à infuser les matières végétales  dans un mélange d’eau et de solvant, le tout à 60 °C. Si désormais on utilise des solvants volatils comme le dioxyde de carbone, l’éthanol, le méthanol, ou encore le benzène, autrefois on utilisait l’huile pour pratiquer ce procédé. Après évaporation, on obtient ce que l’on appelle “la concrète”, une sorte de cire. Mélangée à de l’alcool, elle est à son tour chauffée et refroidie. La partie huileuse de cette dernière est éliminée pour ne recueillir que ” l’absolue”.

Jâbir Ibn Hayyan et les matières jabir ibn hayyan chemistry

Parmi les travaux du chimiste Jâbir, la classification des matières en trois catégories selon les spécificités de chacune :

  •  La catégorie des alcools, des matières qui s’évaporent lorsqu’elles sont chauffées, à l’instar du camphre ou encore du chlorure d’aluminium.
  • La catégorie des métaux comme le fer, l’or, l’argent et le plomb,
  • La catégorie des composés et matières pouvant être transformés en poudre.


La fabrication d’un parfum est d’une précision chirurgicale, et ça, Jâbir l’avait saisi.
Chez Dar Al Musc, les souvenirs de ce grand chimiste se font ressentir dans nos muscs. Seuls les nez raffinés sauront reconnaître combien cet homme a révolutionné notre passion. 

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