Le bois de Santal, de son nom latin Santalum album, est un arbre aux feuilles ovales et vertes. Originaire d’Asie, son essence est très utilisée en parfumerie. Mais si les coeurs des parfumeurs en sont épris, c’est surtout pour le coeur doré de son tronc. En effet, nul ne résiste aux notes chaudes, boisées et poudrées du bois de Santal. De l’Indonésie à l’île de Maré, Dar Al Musc vous emmène à la découverte de ce joyau de la parfumerie.
Le bois de Santal
Le bois de Santal fait partie de la famille des Santalacées. Cet arbre qui ne mesure pas plus de dix mètres, pousse principalement en Indonésie et en Inde. Il est appelé avec le cèdre, le bois de rose et le cannelier, bois aromatique, et/ou arbre à parfum. Le Santal n’est pas majestueux dans son apparence, mais le parfum qu’il exhale ne laisse personne indifférent. On le reconnaît à ses feuilles vertes, de forme ovale, et ses petites fleurs jaunes tirant vers le pourpre. Le bois de Santal abrite au sein de son écorce brunâtre, un cœur doré à l’odeur envoûtante. Cet arbre n’est coupé qu’à maturité, lorsqu’il atteint entre 20 et 25 ans. On dit que c’est à cette période que le parfum atteint sa quintessence. Le bois de Santal est un arbre semi-parasite en ce sens qu’il se sert des racines plantes voisines pour se nourrir. Il peut aussi se passer d’elles et s’auto-suffire.
Le Santal en parfumerie : de l’or en huile
Cosmétologie, parfumerie, aromathérapie, le Santal est une note très recherchée. De l’or en huile qui se monnaie à plus de 1500 euros le litre. S’il est employé depuis des millénaires dans des rites religieux où il est brûlé lors de crémation,il ne fera son apparition en Europe qu’au Moyen-Âge où il y sera introduit par les médecins arabes. On le retrouvera notamment dans les pharmacies en Italie autour du XVème siècle. Il rejoindra la parfumerie au XIXème siècle où ses notes chaudes et boisées orneront avec grâce les parfums masculins.
Le souvenir indien
Se rappeler le bois de Santal, c’est faire appel à notre mémoire olfactive et à ce bâtonnet d’encens que l’on a toutes et tous au moins senti une fois dans notre vie. Cette image enfouie faire ressurgir ce souvenir parfumé impérissable. Ce sont d’ailleurs les hippies qui ont rendu célèbre le Santal. Pantalons pattes d’eph’, chemises fleuries et marguerites dans les cheveux, de retour de leur périple népalais, ils emportent avec eux leur souvenir le plus profond d’Asie. De l’Inde au Népal, là-bas, les rues, les vêtements, les maisons, les personnes ; tous portent le parfum du Santal en eux. À Paris, c’est le début de la mode de cette note capiteuse et exotique.
Une note unisexe
Le Santal est très souvent associé aux accords masculins. Mais depuis quelques années déjà, la note devient unisexe et rejoint les flacons féminins. Le bois de Santal a cette faculté de renforcer les notes poudrées tout en marquant le parfum de sa note boisée. Il se marie aussi bien avec les notes florales que les notes orientales, fougères ou boisées.
Caractéristiques olfactives du Santal
Le Santal est une note sensuelle, crémeuse, douce, poudrée, boisée, balsamique, lactée, un poil cuirée et un brin animale. S’il est connu pour ne pas être dominant, il est réputé pour être persistant.
De l’excès à la parcimonie
Le bois de Santal est un bois précieux qui pousse essentiellement en Asie. C’est dans un état du Sud de l’Inde, l’état du Karnataka précisément, que l’on trouve l’espèce de santal la plus convoitée. Cette merveille appelée le Santal de Mysore est désormais cultivée sous l’égide du gouvernement indien. En effet, prisé et malmené, le bois de Santal se raréfie à vue d’oeil. Le marché au noir et la surexploitation des forêts, ont poussé les autorités à garder une mainmise sur le commerce du Santal. Un bijou mis sous haute surveillance afin de préserver le peu d’arbres qui restent.
Le bois de Santal de l’île de Maré
A chaque découverte d’un trésor, on le croit inépuisable. Alors on en use et on en abuse jusqu’à amenuisement. Ce fut le cas du santal en Inde. Si le Santal de Mysore est rare et onéreux, il est une autre variété de santal qui a le vent en poupe ces dernières années ; celle de l’île de Maré appelée Santalum Austrocaledonicum.
Un coup de génie
Il s’appelle Jean Waikedre et est ingénieur en génie des procédés. Diplômé en biochimie, natif de l’île de Maré, il a inventé un système permettant d’augmenter le rendement du précieux bois. En effet, depuis 2010, l’essence de Santal est extraite dans l’usine de santal de Wakuarori dans le district de Guahma. Une extraction réalisée à moins de 30 degrés qui donne une essence de haute qualité en préservant toutes les qualités olfactives du Santal. Un concept innovant, gardé secret, qui a pour but de préserver le Santal de Maré tout en développant l’activité de l’île. Cette distillerie est le premier fournisseur mondial d’essence de Santal des géants de la cosmétique ainsi que des plus grandes maisons de parfums.
Le santal de Mysore est menacé d’extinction, celui de Maré est en pleine d’expansion, mais pour combien de temps encore ? La parfumerie de niche se renouvelle et se réinvente, mais elle prend surtout conscience de la valeur des matières premières qu’elle utilise. Elle se préoccupe de plus en plus de la préservation des espèces et de l’environnement. Le bois de Santal est un bijou de la parfumerie qu’il convient de protéger comme la prunelle des yeux.